divendres, 6 de febrer del 2009

mémoires (février 2009)






J'écris sur un coussin, sur une des fenêtres intérieures de ma maison en terre pisée, à Asgaur (Un endroit pour s'assoir en tamazight), petit village de la vallée d'Ameln, au coeur de l'Anti-Atlas. En dessous il y à quelques moutons et, dans une chambre, quatre poulets.





La vallée d'Ameln, hier.

 femmes des hauts plateaux de Taiouline portant encore les fibules amazighn
Je me chauffe, parcequ'il fait un peu froid, avec un petit feu qui brûle dans un récipient en terre cuite fait pour cuire le tagin ou faire le thé. Le tirage est bon. J'ai mis un plastique sur la petite cour centrale parcequ'il pleut, mais la fumée s'échappe entre les tuileries de la terrasse. Il pleut régulièrement au Marroc depuis que je suis arrivé, fin juillet. Il pleut tellement que le pays change à vu de saison; tellement que, si ça continue, il faudra inverser les coulers du drapeau marrocain: étoile rouge sur fond vert...

Il faut que je vous dise que j'écris en français dés aujourd'hui pour la famille, à l'occasion de la Cousinade 2009, pour les soeurs et frères de ma mère, pour la vingtaine et quelquesde cousines et cousins et leurs respectives épouses ou maris, pour les 73, aujord'hui, petites cousines et petits cousins que je connais si peu mais qui sont dans l'âme, et pour ceux qui sont en conception et à venir. En français aussi parceque je le parle toujours depuis que je suis au Mahgrib, et puis que les claviers sont francophones, et peut-être même qu'il y a des correcteursautomatiques dans les cybers qui abondent dans ce pays et que je fréquente assidument, surtout quand il pleut, il pleut, bergère. En français aussi pour ma mère, et pour mon père qui me disait toujours: écris! Pour mes soeurs et mes frères, fidèles lectrices et lecteurs , jamais assez remerciés, et pour leurs enfants, et pour les miens, évidemment, et pour ceux que j'oublis, pour les profs et les élèves de l'EOI de La Seu d'Urgell, pour mes amis, tant chéris et tant aimés (clin d'oeil au pendu). En français aussi parceque j'aime bien. Il y a longtemps que je me le répète:"Il faudrait que tu écrives dans ta langue maternelle". Un jour j'écrirais en castillan, qui est aussi une langue riche et vénérable.

chaque famille, chaque village avait sa broderie particulière, comme en Bretagne, autrefois...
C'est ici, dans le Grand Atlas, que je retrouve mes et, si j'ose dire, nos racines ancestrales. Je frôle le Néolithique, l'âge du fer ou du bronze, quand les millénaires passaient, nonchalants, un après l'autre, semblables, avant les empires. Je quête une des idées centrales de mon existence: la soutenabilité ( c'est comme ça qu'on dit?) qui entraîne la solidarité, la vie humble, le bonheur. Mais n'aller pas penser que je m'enferme dans mon village. Ma vie est devenue semi-nomade. Aujourd'hui, par exemple, j'en ai vu des vrais, dans les montagnes, très loin, avec leurs grands troupeaux et leurs tentes. Je vais à pied, en fourgon, en taxi collectif, en bus, de Tetouan à Nouadhibou, en Mauritanie. J'arrive du pays Glaua, Haut Atlas et je suis litéralement charmé. Demain j'essaie d'expliquer un peu et je vous montre des photos, si tout va bien, mais les mots et les images ne vous donneront qu'un petit aperçu de la plénitude que je sens dans ces montagnes.


Aujourd'hui c'est demain pour hier, et si après demain s'en mêle, c'est plus compliqué, ça rappelle autrefois. Il continue de pleuvoir en averses. La météo dit que ça va durer jusqu'à dimanche. Aujourd'hui c'était jeudi. Il y a quinze jours je quittais Asgaur; por aller, via Marrakesh, visiter le pays Glaua, capitale Telouet, à près de 2 000 mètres de hauteur. Un portuguais rencontré à Chefchaouen, dans le Rif, m'avait vivement recommendé l'endroit.



Je suis resté deux jours dans la grande ville, avec Rabi Taoufik, un ami de Beni-Mellal qui est parachutiste dans l'armée. J'ai connu un peu mieux la ville avec lui et ses amis. Nous sommes allés prendre une insolation dans le Paradis de la Koutoubia: orangers, oliviers, palmiers rangés à perte de vue, et le grand bassin, plus grand que celui de la Menara, plus visité, tous deux avec des énormes carpes sacrées.


Après je suis parti avec un vieux bus vers les montagnes par la route de Ouarzazate. Elle serpente en grimpant les falaises des contreforts du massif. Parfois elle passe par des crêtes avec des centaines de mètres de précipices de chaque côté. Nous trouvons un camion dans un virage et il faut reculer. Je sens l'abîme dans la peau. Apès trois ou quatre heures d'ascension, le bus me dépose nulle part, dans un haut col avec la neige et une barraque-café. Il faut attendre le taxi collectif vers Telouet. Bon. Je prends un thé au shiba (absynthe) qui réconforte et réchauffe. Et le taxi arrive en trotinant. Ce sont de très vieilles voitures, Mercedes ou Peugeot, qui font ce genre de transport. Elles branlent de partout. Les grands taxis - comme on les appelle - qui relient les centres grands et moyens voyagent déjà bondés: 2 devant, plus le chauffeur et 4 derrière, plus de grands fardeaux et, des fois, quelque chèvre ou brebis sur et dans les porte bagages. Mais alors, les grands taxis locaux c'est la folie totale: j'ai voyagé, par exemple, avec 4 personnes devant, plus le conducteur, 4 au premier rang, 4 au deuxième et ... 3 dans le coffre, plus les colis en hauteur. C'était une très vieille¨Peugeot familiale à la direction sinuante. Un délire, heureusement pour des trajets de moins de cinquante kilomètres. tout le monde blague et rit à l'intérieur...


Grand-taxi en service à Telouet



J'arrive à Telouet le soir, par grand vent et grand froid. On ouvre pour moi l'Auberge du Pin, fermée au public. Tout pour moi: une grande salle meublée, deux chambres, toilettes, deux euros cinquante la nuit, pas de chauffage. Hassan, teneur du Restaurant de la Kashba, lie tout de suite une grande relation avec moi. Le lendemain il m'accompagnera voir la tombe d'un Marabout et une citerne avec des poissons sacrés de toutes les couleurs qui se cachent dans des trous du fond.


La place de Telouet par grand vent





La tombe du marabout

Après nous allons à Tasga, à plus de 2 000 mètres d'altitude et 8 km de Telouet, aux bords d'un grand oued d'origine glacial. L'ancient village se cache entre une falaise noire et une autre rouge.


Hassan, mon ami et mon guide et, au fond à gauche, Tasga



Le pays est farouche, d'une beauté féerique et cristaline

Tout en marchant, Hassan chante. Il va m'accompagner huit jours de marche dans les montagnes et toujours il chantera, de vieilles chansons d'amour et de mort, des cantinelles qui traversent les éons comme qui se lave la figure chaque matin. Des fois je lui demande de me traduire et nous parlons d'amour, d'enfants, de mariage. Il veut me marier avec une bèrbère. C'est le rêve de toutes les marroquaines et de tous les marroquains de se marier avec une ou un européen. Et je lui dis: "Pourquoi pas..." Parceque je me sens seul des fois, j'aimerais bien une femme qui connait les gens, le genre de vie... Rêver c'est gratuit. Nous allons chez des voisines qui nous montrent des tapis. Il fait froid, le jour tombe.Les pentes raides, boueuses ou rocailleuses, qui relient les maisons sont pleines de neige qui se met dans les bottes.


Hassan et Mohammed à Tasga



Nous passons par une source ou vivent des fruitiers centenaires: abricotiers, pommiers, noyers, amendiers. "Le terrain est à vendre" me dit Mohammed, mon futurible beau-frère. Mes neurones ronronnent.







Nous arrivons chez Rghia, femme au visage et ax mains nobles, le signe tamazight par excellence tatoué au front. Elle acceuille sa nièce Ijja et sa petite nièce Fatima-Zara, parceaue la mère est très âgée, pauvre et malade. Le père est mort. Ijja a divorcée. La petite a deux ans, elle 22. Elle bvaisse les yeux, mais j'ai vu son regard splendide, vital, souriant, étincelant. Nous prenons le thé, bien sucré (signal d'acceptation), le beurre, l'huile, le pain, qui est toujours fait à la maison là-haut comme dans beaucoups de maisons marrocaines.


Rghia

Ijja et Fatima-Zara
En revenant, le vent souffle comme un forcené. J'ai acheté un tapis qui représente trois lions. C'est le premier qu'à fait la soeur de Ijja, mariée à Mohammed. Le lendemain le vent sera calmé après une nuit de mugissements et de hurlements. La tempête ne reprendra qu'à la fin de la randonnée, pour ma veine.

4 comentaris:

helion ha dit...

Merci de tes longs détails sur ta vie marocaine. Tu nous combles. Nous allons te suivre régulièrement ... si tu continues à écrire en français. Ce dont nous te remercions.

Ta marraine

caroline ha dit...

Merci pour tout ce chemin semé d'émotions cher "grand oncle"
et hasta lluege en mai pourla grande cousinade?
Caroline (fille de Catherine)

Veronique Perrin ha dit...

salut cousin,
Effectivement à la première visite, comme c'était en espagnol ou en catalan (je ne sais pas reconnaître, excuse-moi) j'avais juste vite regardé les photos. Mais là c'est encore mieux avec tes écrits. Je pense très forts à tes parents qui adoreraient te savoir là-bas vivre tout ça ! C'est génial ton expérience ... raconte nous encore .....
Bises véro

Anònim ha dit...

Gràcies, Jordi, per el que dius de Marroc. Es un país que m'agrada molt ; ho saps. Saps que la Marie-Thérèse, viatjant amb amics, en 1956, va passar una nit al palau del glaui ? Es l'endemà que va realitzar, amb els seus amics, on estaven. Li agradava explicar aquesta anècdota...
Petons
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