dissabte, 21 de febrer del 2009

Le pays est en fleur, entre Taznakht et Taroudannt

Aujourd'hui j'éspère pouvoir travailler un peu, que les inconvénients techniques ou biologiques vont me le permettre. Le pays est en fleur, comme vous pouvez observer, et moi je dois sentir aussi le primtemps. Il continue de pleuvoir régulièrement. Les moissons du désert et des montagnes vont être extraordinaires cette année, incroyables, et je m'en réjouis, tout en observant un curieux parallélisme chronologique avec la crise financière qui fait péter les bourses, chose laquelle dont je me réjouis aussi. Je plains les damnifiés bien sur, peut-être un jour je serais l'un d'eux, mais que peut-on contre un tremblement de terre ou des innondations? Et l'économie est moins que plus prévisible, comme la météorologie.


Les blés à Foum Zguiz




Irrigation de la palmeraie, près de Tata
Moi, vous voulez que je vous dise, je suis submergé, débordé, abassourdi. Je dois rennoncer, par exemple, entre bien des choses, à écrire d'une façon chronologique, même ordonnée, parceque je n'ai pas une tête temporelle et bien rangée; et puis il y a tellements de stimulations, de perceptions, sensations, intuitions, idées, communions, qu'il m'est tout à fait impossible d'en rendre compte d'une façon carthésienne.

Si vous allez à Foum Zguiz, faites attention aux coqs...


Les Oueds du désert, cette année, ont chariés de l'eau douze fois déjà. Les sources regorgent. Je crois que les gents du pays sont si étonnés que moi, parcequ'ils observent la verdure avec fascination. Les arganiers, par exemple, ou ces autres arbres très résistants du désert, genre acacia, qui agonisaient en juillet après plus d'un lustre de sécheresse, reverdissent les montagnes et les plaines avec leur miraculeuse endurance.



Des "rivières" d'herbes poussent sous les cailloux


Et puis je voulais parler des femmes, toujours la femme, car ce sont elles qui portent encore les signes distinctifs des différentes tribus, dans ces villes et villages du désert et de l'Anti-Atlas. On les voit partout à laver le linge, garder le troupeau, ramasser l'herbe, la palme, le bois. On les voit se réunir par grand nombre, avec une étonnante mobilité, surtout lors des obsèques mais aussi pour toute sorte de circonstances: elles bougent, elles sont pleines de vie et de joie. Et puis il y a les jeunes filles, beaucoup plus que des garçons me confirment les hommes, bien propres et coquettes, voilées, allant à l'école en vélo en groupes nombreux. Les hommes travaillent dur aussi et ont les voit aussi heureux et blagueurs. Beaucoup flanent aussi dans les cafés ou dans la rue, à rien faire ou pas grand chose. Fainéants! direz-vous; mais je prefère ne rien faire que faire la guerre, et la guerre moderne c'est aussi le travail. Je préfère ces nobles nonchalants que ses ancêtres guerriers ou les cadres qui nous emmènent au désastre.





























... et je suis mon petit bonhomme de chemin...





dimarts, 17 de febrer del 2009

ardues disquisitions matinales

Juste quelques mots pour ne pas perdre l'habitude. Il se déroule, par exemple, ces derniers jours, dans notre courrier familial, une intéressante conversation sur les fortunes que les gouvernements injectent aux banques pour les sauver de la faillite. Il se'n dérive toute sorte de réflexions sur le retour au troc, sur la distribution équitable des ressources, sur le mirage du capital qui essaye de soutenir l'insoutenable. Pendant ce temps j'observe, dans la route de Tata, aux bords du Sahara de nouveaux nomades qui migrent par dizaines de miliers, et peut-être même quelque centaine de milles (j'aimerais bien savoir le nombre aproximatif). Ce sont les retraités européens, avec leurs grandes caravanes tout confort, qui passent, et passent, et passent encore, à pas en finir de passer. Italiens, français, hollandais, allemands, ils/elles passent avec leurs shorts et leur air de touriste pommé. "Ce ne sont pas des touristes - me disent les gens du pays - ils n'achètent que de l'eau minérale et des tomates". Curieux phénomène. Ils campent aux alentours des villes et des villages, en grands cercles qui rappellent les colons du far-west. Ils voyagent en groupes et ne s'intègrent pas du tout, même que je les entends se foutre du peuple, avec leurs airs de grandes dames, grande misère, et grands messieurs à grandes bedaines, pauvres bougres... J'entend dire qu'ils viennent chaque année.
Et Isham, mon ami nomade à Tata, raconte les histoires de sa tribu. C'est le premier diplomé de chez lui. Il est antropologue, mais porte, en hiver, une boutique d'artisanat local; en été, il migre dans le désert et les montagnes avec la famille et les troupeaux. Les sources de richesse de la tribu sont deux: la terre et la guerre. La tortue est le symbole du féminin. Le chef doit être un grand guerrier, mais j'apprends que la très ancienne coutume veut que ce soit la femme qui transmmette le pouvoir, le déléguant à son mari... Je trouve ça très normal, naturel, logique et souhaitable. La femme berbère continue de maintenir de très fortes et nombreuses liaisons sociales. Elle brave, avec l'aide et le soutiens de son mari, la sharia islamique, quand celle-ci compromet les fondaments de la culture. De l'autre côté la loi des hommes se résume dans le principe: "Moi contre mon frère, moi et mon frère contre mon oncle, et moi et mon frère et mon oncle contre tout le monde". C'est cru, dur, sans trop d'espoir. Il me vient à la tête une discussion avec ma tante Maria, qui est très sage mais un peu arabophobe. Elle disait que c'est d'éviter ce tous contre tous qui a donné le pouvoir à l'Occident... Peut-être, mais l'homme continue d'être un loup pour l'homme, même s'il est blanc. Ensuite je me souviens de mon père quand il me disait que la vraie démocracie casse l'ordre naturel, qui est plutôt fasciste sur les bords. Nous sortons donc, joyeuseument, de l'ordre naturel pour plonger et faire trempette dans un grand vide, dans le lac de l'énigme, de l'espoir, de l'amour? Et pourquoi cette ville si tranquille, si calme avec son flux de vélos, mobylettes, charrettes et de femmes aux longues robes doit-elle être prise comme ça par la police, qui est dans tous les coins ou il n'y à pas l'armée, ou les auxiliaires ou les gendarmes...

dissabte, 14 de febrer del 2009

mémoires(3)

Ouf! C'est difficile de raconter l'histoire à l'envers. Je crois que j'arrête un peu et je vais me promener dans les palmeraies de Tata, parceque, en plus, cet éditeur déplace tous les éléments et il faut toujours ordonner à la fin.
Hassan dans la grotte
Les grottes: 38 chambres gravées dans la falaise




Ouaoumsnt c'est l'avant dernier village avant le goudron. Hassan est originaire d'ici, et j'ai été acceuillis chez lui, à corps de roi. Sa mère m'a offert un quilo d'amendes pelées. Elle veut me changer un tapis contre des anti-rhumatismes, quand je reviendrais. L'après-midi, après la sieste, Hassan m'a emmené voir des grottes dans la vallée d'à coté, par ou coule une rivière salée et rien ou presque ne pousse. Ils ont pris l'âne pour que je traverse les rivières en crue à sec.


Hassan sur l'âne et son cousin sur son frère Driss traversent la rivière salée







Blocs de pisée (terre, chaux, paille) séchant au soleil


La vallée produit de nombreux moments magiques, ici à Ouaoumsnt, au couché du soleil

J'abandonne la vallée des amendiers et le mauvais temps reviens

Au fond, Tamdackht, la fin de la piste, le début du goudron


Aujourd'hui je suis à Tata, pour vous dire quelque chose sur avant-hier, sur la vallée d'Ounila mais aussi sur ses pensées qui passent tout en écrivant et qui font la sauce de l'écriture. Une qui m'accompagne souvent ces derniers temps c'est la perception élastique du temps; c'est pour ça que je m'amuse avec hier et demain. "Pauvre Jordi - direz-vous - il sombre directement dans la folie" Mais non ou, au moins, pas tout à fait, parceque je m'amuse bien, et ça m'aide à passer les jours quand il faut reposer, reposer, reposer, par exemple... Et puis les marrocains, ils ont une autre conception du temps, pas basée sur la montre mais sur les faits accomplis, comme par exemple: le taxi partira quand il sera plein. Les temps des verbes berbers sont l'aoriste, l'inaccompli, l'inaccompli négatif... Le temps est le même, mais la conception change. Si la mystique ou la science se'n mêle ça va plus loin car bien des sages disent qu'il y a un état où le présent se mélange au passé et à l'avenir, dans une dimension atemporelle à laquelle disons que j'essaye de m'acclimater. J'en ai de fugaces perceptions, je sens, souvent, l'atemporalité.
Par exemple, maintenant, je vais essayer de vous raconter l'histoire d'Ounila à l'envers, pour une question purement pratique: lorsque j'ajoute des fotos à l'éditeur du blog, il les mets au début, et il faut les bouger. Si je commence par la fin, ça va rester dans l'ordre... Et je m'entretiens à parler du temps et d'avant-hier et aujourd'hui file. Il y a tellement de choses à dire!

dimecres, 11 de febrer del 2009

rave

Dans le chemin, le Chapeau de Napoléon


Avant de continuer avec le passé simple, dans la vallé de l'Ounila, il faut que je parle de la fête que j'ai subi, avant hier. J'avais été â Tafraoute faire des courses et mettre à jour le blog. J'ai entendu qu'ily avait une fête, dans les rochers peints, à quelques quilomètres dans la montagne. Ce sont des roches peintes dans une vallée par un belge dans les années 80, avec 18 tonnes de peinture. Une "rave" plutot qu'une fête, de jeunes qui voyagent en camion et qui se rencontrent pour se défoncer ensemble. J'y suis allé par curiosité, et parceque j'ai entendu dire qu'ils allaient jouer de la musique. Crasse erreur, c'était du techno, un techno pétardant que j'aime pas du tout; mais voilà, j'étais pris au piège, pas question de refaire le grand tour que j'ai fait à l'allée, de nuit, même avec la grande lune pleine, en plus, je suis fatigué. Je ne peux même pas dancer parceque j'ai mal au dos...




les Roches peintes


Le pays


J'ai fait les deux derniers quilomètres avec un jeune qui m'a pris avec son grand truck a trois essieux tout terrain. Plus loin, la piste et coupée par un torrent: une crevasse d'un mètre et demi de profondeur, j'aurai pas cru qu'il allait passer. Il s'est jeté dedans, de travers, et il est sorti de l'autre coté, après quelques secousses. Un berber regardait, les mains dans la tête.
Arrivés à l'endroit, une grande tente est montée, musique de Air et des Chemicals, une fille m'offre une bière (la seule). "Tu veux de l'acide?"dit un autre avec un chapeau haut de forme."Non merci" Et puis après une autre fille croit que j'ai pris la bière et il faut que je lui prouve le contraire, ça fait de la distance; et puis une autre fille encore s'approche, nous parlons, elle demande mon âge et répond: "beaucoup de gens de ton âge sont morts par drogues et sida" "Oui, je croyais pas arriver à mon âge, mais j'ai quand même chopé l'hépatite C, qui m'embête, pour dire gentiment" Et elle me dit: "C'est un bon âge pour mourir" Et je pense "C'est gentil de ta part!", mais je réponds, un peu frimeur:"La mort, elle me fait pas peur, elle peut venir quand elle voudra; j'ai l'impression, comme disait mon père, de vivre un pourboire". Et le techno commence, et la distance grandit.




La fête et, au fond, le camion qui m'a amené


Alors je demandais des couvertures pour essayer de dormir un peu, ou, au moins, d'être au chaud parceque j'ai froid. Je me mets sous un arbre mort, un tamis en plastique dessus pour contenir la forte rosée, et je passe quelques heures à tourner. Vers trois heures je me lève pour aller près d'un feu ou j'ai attendu le jour. Je pratique mon berbere en écrivant dans les cendres, les jeunes hantent la nuit dans leurs voyages. Au petit jour nous partons avec Hammed, un jeune de Tafraoute venu danser et boire. Il va me ramener par le chemin le plus court, beaucoup plus court et très, très beau au lever du soleil. Il danse en sautant sur les pierres. Je prends un thé en ville, avec du pain, de l'huile d'olive et de la confiture, et je vais chercher le taxi collectif qui part tout de suite vers le village. À la maison, j'ai dormi 24 heures. Aujourd'hui c'est demain pour hier, et avant hier j'ai fait ma dernière "rave".

diumenge, 8 de febrer del 2009

mémoires (2)



Depuis l'on m'a rebatisé; maintenant je m'appelle Souleyman au Marroc (ils prononcent sliman). Mercredi, le souk des animaux à Telouet, j'ai acheté un agneau pour Ijja Kantour. Mohammed l'a ramené a Tasga.









Le lendemain nous avons visité avec Hassan le palais du Glaui. A côté il y a les ruines de celui du XVIII siècle, en pisée, et celui du XIXème, avec des airs néo-classiques. La kashba du XXème, dans un état pas moins lamentable de majesté morte, conserve encore des ouvrages magnifiques fait par des artisans de tout le Mahgrib, avec des marbres de Carrara, des soies de Xine... Le chantier a duré trois années. Inauguré en 42, en 56 le Glaui est parti, le palais demeure abandonné, un soldat le garde. Le roi Glau était puissant, il avait unifié toutes les tribus au sud de Marraqueix, avant l'entronisation de Mohammed V. J'ai connu après, à Ouarzazate, un vieux soldat de sa garde. Il me disait que son maître fut un homme sauvage qui tuait lui même ses prisonniers... Deux mil personnes de la vallée travaillaient pour lui aux étables, aux écuries, aux jardins, en montagne, dans le harem de ses quatre femmes, ses 80 concubines. Aujourd'hui son fils Sébastien est, paraît-il, acteur en France.











Arès le grand souk du jeudi, quand Hassan finit son travail au restaurant, nous partons à pied vers la vallée de l'Ounila. Un mot sur ce souk innusuel: beaucoup de gens des montagnes font la queue pour se faire, pour la première fois, des papiers d'identité! Il y a encore, dans les montagnes, des milions de bèrbères sans papiers. C'est un signe de mépris envers des gouvernements qui les ont oubliés aussi, une longue lutte contre l'arabisation, l'occidentalisation et toute aculturation et/ou aliénation. Néanmoins, ils descendent maintenant, pour pouvoir voter aux prochaines élections du mois de mai ou pour pouvoir enmener les enfants à l'école, ou descendre vivre en ville. L'ancient peuple se réveille de sa léthargie millénaire?
L'on voit des vieux, des hommes, des jeunes, mais aussi, fait insolite car elles ne descendent que rarement, les femmes, beaucoup de femmes, jeunes, âgées, voilées, elles attendent avec les enfants qui jouent autour,  patiemment, en groupe autour des ombres, sous les arbres du jardin, en face de la mairie et du Cadi.







































































































divendres, 6 de febrer del 2009

mémoires (février 2009)






J'écris sur un coussin, sur une des fenêtres intérieures de ma maison en terre pisée, à Asgaur (Un endroit pour s'assoir en tamazight), petit village de la vallée d'Ameln, au coeur de l'Anti-Atlas. En dessous il y à quelques moutons et, dans une chambre, quatre poulets.





La vallée d'Ameln, hier.

 femmes des hauts plateaux de Taiouline portant encore les fibules amazighn
Je me chauffe, parcequ'il fait un peu froid, avec un petit feu qui brûle dans un récipient en terre cuite fait pour cuire le tagin ou faire le thé. Le tirage est bon. J'ai mis un plastique sur la petite cour centrale parcequ'il pleut, mais la fumée s'échappe entre les tuileries de la terrasse. Il pleut régulièrement au Marroc depuis que je suis arrivé, fin juillet. Il pleut tellement que le pays change à vu de saison; tellement que, si ça continue, il faudra inverser les coulers du drapeau marrocain: étoile rouge sur fond vert...

Il faut que je vous dise que j'écris en français dés aujourd'hui pour la famille, à l'occasion de la Cousinade 2009, pour les soeurs et frères de ma mère, pour la vingtaine et quelquesde cousines et cousins et leurs respectives épouses ou maris, pour les 73, aujord'hui, petites cousines et petits cousins que je connais si peu mais qui sont dans l'âme, et pour ceux qui sont en conception et à venir. En français aussi parceque je le parle toujours depuis que je suis au Mahgrib, et puis que les claviers sont francophones, et peut-être même qu'il y a des correcteursautomatiques dans les cybers qui abondent dans ce pays et que je fréquente assidument, surtout quand il pleut, il pleut, bergère. En français aussi pour ma mère, et pour mon père qui me disait toujours: écris! Pour mes soeurs et mes frères, fidèles lectrices et lecteurs , jamais assez remerciés, et pour leurs enfants, et pour les miens, évidemment, et pour ceux que j'oublis, pour les profs et les élèves de l'EOI de La Seu d'Urgell, pour mes amis, tant chéris et tant aimés (clin d'oeil au pendu). En français aussi parceque j'aime bien. Il y a longtemps que je me le répète:"Il faudrait que tu écrives dans ta langue maternelle". Un jour j'écrirais en castillan, qui est aussi une langue riche et vénérable.

chaque famille, chaque village avait sa broderie particulière, comme en Bretagne, autrefois...
C'est ici, dans le Grand Atlas, que je retrouve mes et, si j'ose dire, nos racines ancestrales. Je frôle le Néolithique, l'âge du fer ou du bronze, quand les millénaires passaient, nonchalants, un après l'autre, semblables, avant les empires. Je quête une des idées centrales de mon existence: la soutenabilité ( c'est comme ça qu'on dit?) qui entraîne la solidarité, la vie humble, le bonheur. Mais n'aller pas penser que je m'enferme dans mon village. Ma vie est devenue semi-nomade. Aujourd'hui, par exemple, j'en ai vu des vrais, dans les montagnes, très loin, avec leurs grands troupeaux et leurs tentes. Je vais à pied, en fourgon, en taxi collectif, en bus, de Tetouan à Nouadhibou, en Mauritanie. J'arrive du pays Glaua, Haut Atlas et je suis litéralement charmé. Demain j'essaie d'expliquer un peu et je vous montre des photos, si tout va bien, mais les mots et les images ne vous donneront qu'un petit aperçu de la plénitude que je sens dans ces montagnes.


Aujourd'hui c'est demain pour hier, et si après demain s'en mêle, c'est plus compliqué, ça rappelle autrefois. Il continue de pleuvoir en averses. La météo dit que ça va durer jusqu'à dimanche. Aujourd'hui c'était jeudi. Il y a quinze jours je quittais Asgaur; por aller, via Marrakesh, visiter le pays Glaua, capitale Telouet, à près de 2 000 mètres de hauteur. Un portuguais rencontré à Chefchaouen, dans le Rif, m'avait vivement recommendé l'endroit.



Je suis resté deux jours dans la grande ville, avec Rabi Taoufik, un ami de Beni-Mellal qui est parachutiste dans l'armée. J'ai connu un peu mieux la ville avec lui et ses amis. Nous sommes allés prendre une insolation dans le Paradis de la Koutoubia: orangers, oliviers, palmiers rangés à perte de vue, et le grand bassin, plus grand que celui de la Menara, plus visité, tous deux avec des énormes carpes sacrées.


Après je suis parti avec un vieux bus vers les montagnes par la route de Ouarzazate. Elle serpente en grimpant les falaises des contreforts du massif. Parfois elle passe par des crêtes avec des centaines de mètres de précipices de chaque côté. Nous trouvons un camion dans un virage et il faut reculer. Je sens l'abîme dans la peau. Apès trois ou quatre heures d'ascension, le bus me dépose nulle part, dans un haut col avec la neige et une barraque-café. Il faut attendre le taxi collectif vers Telouet. Bon. Je prends un thé au shiba (absynthe) qui réconforte et réchauffe. Et le taxi arrive en trotinant. Ce sont de très vieilles voitures, Mercedes ou Peugeot, qui font ce genre de transport. Elles branlent de partout. Les grands taxis - comme on les appelle - qui relient les centres grands et moyens voyagent déjà bondés: 2 devant, plus le chauffeur et 4 derrière, plus de grands fardeaux et, des fois, quelque chèvre ou brebis sur et dans les porte bagages. Mais alors, les grands taxis locaux c'est la folie totale: j'ai voyagé, par exemple, avec 4 personnes devant, plus le conducteur, 4 au premier rang, 4 au deuxième et ... 3 dans le coffre, plus les colis en hauteur. C'était une très vieille¨Peugeot familiale à la direction sinuante. Un délire, heureusement pour des trajets de moins de cinquante kilomètres. tout le monde blague et rit à l'intérieur...


Grand-taxi en service à Telouet



J'arrive à Telouet le soir, par grand vent et grand froid. On ouvre pour moi l'Auberge du Pin, fermée au public. Tout pour moi: une grande salle meublée, deux chambres, toilettes, deux euros cinquante la nuit, pas de chauffage. Hassan, teneur du Restaurant de la Kashba, lie tout de suite une grande relation avec moi. Le lendemain il m'accompagnera voir la tombe d'un Marabout et une citerne avec des poissons sacrés de toutes les couleurs qui se cachent dans des trous du fond.


La place de Telouet par grand vent





La tombe du marabout

Après nous allons à Tasga, à plus de 2 000 mètres d'altitude et 8 km de Telouet, aux bords d'un grand oued d'origine glacial. L'ancient village se cache entre une falaise noire et une autre rouge.


Hassan, mon ami et mon guide et, au fond à gauche, Tasga



Le pays est farouche, d'une beauté féerique et cristaline

Tout en marchant, Hassan chante. Il va m'accompagner huit jours de marche dans les montagnes et toujours il chantera, de vieilles chansons d'amour et de mort, des cantinelles qui traversent les éons comme qui se lave la figure chaque matin. Des fois je lui demande de me traduire et nous parlons d'amour, d'enfants, de mariage. Il veut me marier avec une bèrbère. C'est le rêve de toutes les marroquaines et de tous les marroquains de se marier avec une ou un européen. Et je lui dis: "Pourquoi pas..." Parceque je me sens seul des fois, j'aimerais bien une femme qui connait les gens, le genre de vie... Rêver c'est gratuit. Nous allons chez des voisines qui nous montrent des tapis. Il fait froid, le jour tombe.Les pentes raides, boueuses ou rocailleuses, qui relient les maisons sont pleines de neige qui se met dans les bottes.


Hassan et Mohammed à Tasga



Nous passons par une source ou vivent des fruitiers centenaires: abricotiers, pommiers, noyers, amendiers. "Le terrain est à vendre" me dit Mohammed, mon futurible beau-frère. Mes neurones ronronnent.







Nous arrivons chez Rghia, femme au visage et ax mains nobles, le signe tamazight par excellence tatoué au front. Elle acceuille sa nièce Ijja et sa petite nièce Fatima-Zara, parceaue la mère est très âgée, pauvre et malade. Le père est mort. Ijja a divorcée. La petite a deux ans, elle 22. Elle bvaisse les yeux, mais j'ai vu son regard splendide, vital, souriant, étincelant. Nous prenons le thé, bien sucré (signal d'acceptation), le beurre, l'huile, le pain, qui est toujours fait à la maison là-haut comme dans beaucoups de maisons marrocaines.


Rghia

Ijja et Fatima-Zara
En revenant, le vent souffle comme un forcené. J'ai acheté un tapis qui représente trois lions. C'est le premier qu'à fait la soeur de Ijja, mariée à Mohammed. Le lendemain le vent sera calmé après une nuit de mugissements et de hurlements. La tempête ne reprendra qu'à la fin de la randonnée, pour ma veine.

la vall de l'Unila i la indignitat del mon




Ahir vam passar a peu per 18 pobles.La vall en té 35. Ens aturem sovint, a casa de familiars i amics. Tè, ametlles i coneixences, viatgem a la manera antiga. El riu corre encaixonat entre grans muntanyes ermes, àrides, minerals. Rega horts i jardins a la feixa fèrtil, on creixen noguers i ametllers centenaris. Em sento al cor del pais Amazigh. Les dones teixexen en grup, en estil Glau, explicant amb milions de nusos l'historia del mon. Xerren, escoltant musica, riuen quan les anem a veure. Faig una foto secreta.






Els homes estant excitats, per tota la vall. Fa uns dies, un gran meteorit atravessà el cel. Retrunyiren tres enormes explosions, sacsejant tot l'Atlas. Ciutats llunyanes sentiren el tro. D'ençà, els pastors troben per les muntanyes troços de la pedra del cel. Avui, amb el Hassan, hem canviat els plans. Un pastor diu que en té un d'un quilo i mig. El meu amic truca els seus contactes per vendre el roc sideral al millor postor...

La vall està comunicada, entre Teluet, antiga capital Glaui, i Ait-Benhadu, vora Uarzazat, per una pista infernal. La carretera, imprescindible per tots els seus habitants, que encara son 20 000 malgrat la emigracio, només al municipi de Teluet, no s'ha enquitranat encara gràcies als mals oficis d'algunes poderoses agències de viatges quepaguen grans sumes als sàtrapes del govern perquè no es duguin a terme els treballs. El motiu: els raids de 4x4 per turistes cabalers. Amb el quitrà els cotxes petits hi tindrien accés i s'acabaria el negoci. O sigui: 35 pobles viuen aillats, sense metge i per tant sense farmàcia perquè uns quants moros i europeus indignes puguin seguir fent l'agost. El minuscul dispensari central és tancat fa tres anys per decisio governamental (?!)

El poble calla des de l'arabitzacio, pero no del tot. Fins ara vivien sense papers, sense registre ni identitat oficial, com a reaccio a uns governs que també els oblidava. Milions de berbers de les muntanyes vivien sense papers, al marge de la historia, sortejant imperis, com és tradicio d'aquest poble milenari. Ara es fan els documents, massivament. Es un goig de veure les dones, que no es veuen mai, venint a la capital el dia del suk (mercat) per fer-se la papela, junt amb els marits, els pares, els fills, els avis. No ho fan perquè si: al maig hi han eleccions, i espero i desitjo que el poble Amazigh es desvetlli de la seva catalepsia secular i ensenyi al mon la seva forma de vida, perfectament sostenible, oblidada per la suposada civilitzacio.