Dans le chemin, le Chapeau de Napoléon
Avant de continuer avec le passé simple, dans la vallé de l'Ounila, il faut que je parle de la fête que j'ai subi, avant hier. J'avais été â Tafraoute faire des courses et mettre à jour le blog. J'ai entendu qu'ily avait une fête, dans les rochers peints, à quelques quilomètres dans la montagne. Ce sont des roches peintes dans une vallée par un belge dans les années 80, avec 18 tonnes de peinture. Une "rave" plutot qu'une fête, de jeunes qui voyagent en camion et qui se rencontrent pour se défoncer ensemble. J'y suis allé par curiosité, et parceque j'ai entendu dire qu'ils allaient jouer de la musique. Crasse erreur, c'était du techno, un techno pétardant que j'aime pas du tout; mais voilà, j'étais pris au piège, pas question de refaire le grand tour que j'ai fait à l'allée, de nuit, même avec la grande lune pleine, en plus, je suis fatigué. Je ne peux même pas dancer parceque j'ai mal au dos...
les Roches peintes
Le pays
J'ai fait les deux derniers quilomètres avec un jeune qui m'a pris avec son grand truck a trois essieux tout terrain. Plus loin, la piste et coupée par un torrent: une crevasse d'un mètre et demi de profondeur, j'aurai pas cru qu'il allait passer. Il s'est jeté dedans, de travers, et il est sorti de l'autre coté, après quelques secousses. Un berber regardait, les mains dans la tête.
Arrivés à l'endroit, une grande tente est montée, musique de Air et des Chemicals, une fille m'offre une bière (la seule). "Tu veux de l'acide?"dit un autre avec un chapeau haut de forme."Non merci" Et puis après une autre fille croit que j'ai pris la bière et il faut que je lui prouve le contraire, ça fait de la distance; et puis une autre fille encore s'approche, nous parlons, elle demande mon âge et répond: "beaucoup de gens de ton âge sont morts par drogues et sida" "Oui, je croyais pas arriver à mon âge, mais j'ai quand même chopé l'hépatite C, qui m'embête, pour dire gentiment" Et elle me dit: "C'est un bon âge pour mourir" Et je pense "C'est gentil de ta part!", mais je réponds, un peu frimeur:"La mort, elle me fait pas peur, elle peut venir quand elle voudra; j'ai l'impression, comme disait mon père, de vivre un pourboire". Et le techno commence, et la distance grandit.
La fête et, au fond, le camion qui m'a amené
Alors je demandais des couvertures pour essayer de dormir un peu, ou, au moins, d'être au chaud parceque j'ai froid. Je me mets sous un arbre mort, un tamis en plastique dessus pour contenir la forte rosée, et je passe quelques heures à tourner. Vers trois heures je me lève pour aller près d'un feu ou j'ai attendu le jour. Je pratique mon berbere en écrivant dans les cendres, les jeunes hantent la nuit dans leurs voyages. Au petit jour nous partons avec Hammed, un jeune de Tafraoute venu danser et boire. Il va me ramener par le chemin le plus court, beaucoup plus court et très, très beau au lever du soleil. Il danse en sautant sur les pierres. Je prends un thé en ville, avec du pain, de l'huile d'olive et de la confiture, et je vais chercher le taxi collectif qui part tout de suite vers le village. À la maison, j'ai dormi 24 heures. Aujourd'hui c'est demain pour hier, et avant hier j'ai fait ma dernière "rave".
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